La cacherouth

Un dossier préparé par K. Acher
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Mise à jour le

La cacherouth en marche (arrière!)

Vox populi, 24 Février 2009

De bonnes âmes nous ont adressé copie de deux communiqués de cacherouth, également diffusés sur deux sites communautaires francophones, et dont voici la teneur.
Les Rabbins Chlomoh Chlouch, du Grand Rabbinat de Haifa et Ye'hiel Verner Rabbin de Hadera mettent en garde contre la commercialisation par la Société Emeth de poulets découpés et congelés portant leur garantie de cacherouth, et qui auraient été emballées et conditionnées en France en dehors de leur surveillance. Ces documents, diffusés vers le 17 ou 18 février 2009 ont vite fait le tour de la France, sous forme de pdf et de fax adressés par le Rav David Barcats de Bné Brak, puis de mail en pire par affichage dans les synagogues et commerces cachers.

En date du 25 Février, la Société Emeth nous a fait parvenir plusieurs documents, dont deux communiqués, une attestation du Grand Rabbinat de Paris, qui semble être un document à usage interne, et diverses copies de documents attestant de la coopération des directions d'abattoirs et des surveillants de cacherouth à sa campagne d'importation de parts de poulet congelées.
Un article de C. Garson dans Actualité Juive de cette semaine reprend son argumentaire.
Entre temps le Grand Rabbinat de Paris a publié un communiqué dans lequel il semble dire qu'il ne prend pas à son compte l'interdiction de consommer ces produits.

Enfin au 23 mars 2009, un communiqué du Rav Verner en hébreu manuscrit et en français atteste que ces produits sont au final cachers...

Quelques éléments nous ont surpris dans ces deux communiqués, identiques jusque dans leurs fautes d'orthographe et leur conception:
1 " En réponse à plusieurs appels téléphoniques reçus de la part de consommateurs juifs français concernant des produits de volaille"
Nous aimerions savoir combien de nos lecteurs iront appeler en Israël un Rabbin au demeurant inconnu pour savoir s'il a effectivement surveillé telle et telle production.
Ainsi que lèvent la main ceux qui ont appelé le OK pour confirmer que les vins "Cabernet Sauvignon Vieille Vigne du Domaine de GD Vigne, mis en bouteille par Francess pour MBD" étaient bien de chez eux.
Ou encore qui a demandé au Rabbin Ovadia Yossef si le jus de raisin commercialisé en 2007 ou le Gris de Pays de Var de 2006 sortaient de son pressoir?
Ou si le Rav Koren de Bné Brak s'était effectivement occupé de chehita en Irlande?
Ou si le Rabbinat de Johannesbourg confirmait son tampon de cacherouth sur les pâtés de volaille polonaise servis en vol par diverses compagnies d'aviation?
Si vous l'avez fait, vous êtes des chefs, et vous avez eu plus de chance que ceux qui se sont interrogés sur "Rav David Dahan, Cho'het, Rav de mochav en Israël" qui garantissait en 2008 une viande importée de Pologne. Lui n'a pas de numéro de téléphone.

Pour nous, ces "plusieurs appels téléphoniques reçus de la part de consommateurs juifs français" sont la marque d'une orchestration grossière et d'une manipulation sur ces Rabbanim.

2 Que deux rabbinats fassent la même lettre est en soi même étonnant. Sauf lorsque une même personne a fait la lettre pour les deux rabbins, s'est chargée de la traduire si tant est qu'elle existe en hébreu, et de la diffuser massivement. Quel dévouement pour la cacherouth! Quelle merveille d'unité entre deux rabbins!

3 Un des sites ayant reproduit l'information a pris la peine de détailler qu'un des Rabbins contactés avait "confirmé qu'il ne connaissait pas la société Emeth, ni son directeur, et que seuls les poulets emballés en Israël avec son tampon sont sous sa responsabilité".
Nous aurions aimé savoir pourquoi la réponse du second Rabbin n'a pas été mentionnée.

4 La société incriminée, et le mot est assez frappant, puisque tout reconditionnement de produit cacher ne peut se faire qu'avec une surveillance rabbinique agréée, nous a adressé une mise au point rapide, dont nous ne doutons qu'elle va venir. Il est significatif que l'annonce a d'ailleurs disparu des sites communautaires en question, même si elle continue à décorer les murs des synagogues. Le mal est fait, certainement lié à un règlement de comptes entre professionnels de la cacherouth, et si l'on tarde à en comprendre les tenants et les aboutissements, il faut redouter qu'un déballage public ne mette à jour des pratiques peu honorables entre les acteurs du kosher business.

5 The least but not the lest, nous sommes inquiets du nombre de personnes qui ont été contraintes par un diktat rabbinique précipité de cachériser leur vaisselle à l'eau boulllante. Si, si, nous en connaissons. Envisager temps, brûlures, ustensiles non cachérisables et à changer ...
Il est regrettable que le quidam qui a jeté l'affaire sur la voie publique avec autant de légèreté n'ait pas pris le temps d'avertir l'autorité rabbinque française, à qui il revenait de conseiller ses ouailles sur la conduite à tenir.
Il y a fort à penser que si par malheur un véritable scandale arrivait, le public échaudé (c'est le cas de le dire) soit moins empressé de réagir.

Si toutefois l'autorité rabbinique française prenait à son compte l'interdiction de consommer ces produits et l'impératif de de cachériser la vaisselle, nous espèrons qu'elle publiera un guide de cachérisation plus explicite que celui de janvier 2008: "Pour ceux qui malencontreusement auraient consommé ce foie sans l’avoir fait griller au préalable, il s’agira de cachériser la vaisselle utilisée par agala, c’est-à-dire de la tremper dans de l’eau bouillante. Pour la vaisselle en porcelaine, il faudra contacter un rav pour savoir si une cachérisation est possible.
Le Beth Din de Paris reste à votre disposition pour toutes précisions complémentaires." émis par le Service cacherout du Beth Din de Paris.

Et nous espèrons que le Beth Din de Paris saura vite recenser rapidement les établissements ayant fait manger cette volaille, et saura expliquer comment un tel produit a pu y arriver.

Un dossier préparé par K. Acher