La cacherouth Un
dossier préparé par K.
Acher
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Comment évaluer les effets de l'abattage sur l'organisme en termes de souffrance?
Extrait de "Le Cachère Magazine", N° 57, Décembre 03.
(K.Acher a estimé qu'il serait dommage que cette interview reste dans le secret des lecteurs du Cachère Magazine, et supprimera cet extrait lorsque il paraîtra sur le site web de la revue)
Interview de Mr Bruno Fiszon, Grand Rabbin, Metz.
Comment évaluer les effets de l'abattage
sur l'organisme en termes de souffrance?
Comment se passe l'abattage rituel?
L'immobilisation de l'animal doit être rapide et bien faite, comme c'est
le cas actuellement avec le "casting penn", cette sorte de tonneau encerclant
l'animal et permettant, contrairement à ce qu'affirment certains propagandistes,
une immobilisation sans choc ainsi que la rotation à 180 degrés
donnant le cou tendu. Ensuite, il y a l'incision à laquelle procède
le Cho'het. Les prescriptions juives en la matière sont draconniennes:
une lame au tranchant extrêmement fin; un geste rapide, sûr, devant
être porté au tiers supérieur de la glotte, dans une région
peu innervée. La douleur est du même ordre qu'une coupure causée
par un objet très effilé et dont on ne se rend compte le plus
souvent qu'après, à la vue du sang.
C es effets ne sont mesurables que par une comparaison entre l'abattage "classique"
après étourdissement et notre abattage rituel.
1) les taux d'adrénaline et de glycémie, signes de stress. La
thèse du Dr Alain Koginski (Ecole nationale vétérinaire
de Maisons-Alfort, 1982) a rapporté que ces taux étaient moindres
dans le cas de l'abattage après incision que dans celui après
étourdissement. 2) la pression sanguine. Selon l'étude réalisée
par le Professeur Sporri, de l'Université de Zürich, en 1965, et
selon les données établies par le rabbin et vétérinaire
Levinger, on observe dans le cadre de la Che'hita une chute de la pression artérielle
au niveau de la carotide et de l'artère maxillaire (vaisseaux allant
du c~ur à la tête). Cela signifie que la quantité de sang
atteignant le cerveau est insuffisante pour que ce dernier fonctionne.
Les cellules cérébrales (ou neurones), privées de l'apport
d'oxygène véhiculés par le sang sont rapidement mises hors-jeu.
Les artères restant intactes ne pouvant pallier le déficit de
sang, on parle alors de chute de la pression sanguine vertébrale.
3) la fonction cardiaque. Dans le cadre de l'abattage rituel juif, le nerf dit
"vague" est coupé. Cela est synonyme d'accélération du
rythme cardiaque, donc d'une évacuation sanguine plus rapide et plus
complète et, de ce fait, les cellules cérébrales seront
rapidement coupées de leur alimentation sanguine.
4) le liquide cérébro-spinal, qui se trouve dans une cavité
à l'intérieur du cerveau, a pour fonction de maintenir une pression
dans le cerveau. Dans la Che'hita, la section des veines jugulaires provoque
immédiatement une baisse de la pression de ce liquide, dont l'effet immédiat
est une perte de conscience. 5) la respiration. Après l'incision, on
observe une phase de repos suivie d'une respiration longue, profonde et forcée
donnant l'impression d'un animal à l'agonie et asphyxié. C'est
ce que les adversaires de la Che'hita montent en épingle. Or, il s'agit
d'un réflexe provoqué par le saignement et la section de nerfs
vagues contrôlant la respiration.
6) le système nerveux. Après l'abattage, on observe des mouvements
incontrôlés, ressemblant à un "pédalage" qu'on appelle
"contractions épileptiformes" qui sont d'ordre mécanique, inconscient,
mais non des réactions à la douleur. En fait, il s'agit de mouvements
réflexes liés à la moelle épinière. Ils ont
été étudiés par des gens comme les professeurs Mangolds,
de l'Institut de physionomie animale de Berlin, Bethe, de l'Institut de Francfort,
Magnus (d'Utrecht) ou Krogh (le prix Nobel danois). Tous admettent que ces secousses
convulsives ne sont pas perçues par la conscience. Et le professeur Berthe
ajoute, notamment, que seul un profane peut les considérer comme des
expressions de douleur.
7) l'électroencéphalogramme. En 1978, en plaçant des électrodes
sur le crâne des animaux, le professeur Schultz a mesuré l'activité
cérébrale de deux lots de moutons et de veaux abattus selon les
deux méthodes. Dans le cadre de la Che'hita, le point-zéro de
conscience était atteint en treize secondes pour les moutons et vingt
-trois pour les bovins contre, respectivement, une dizaine et vingt huit secondes
pour l'abattage après étourdissement.
A noter aussi que, dans l'abattage classique utilisant un pistolet à
tige perforante pour détruire le cerveau de l'animal, l'efficacité
dépend du point d'impact et de l'angle utilisés, donc de la dextérité
de l'opérateur. Si on détruit seulement le cortex ou centre moteur
du cerveau, il y aura paralysie des membres mais conscience. Compte tenu des
exigences industrielles, on peut avoir des doutes sur l'étourdissement
réellement obtenu et il suffit d'aller voir comment les choses se passent
dans certains abattoirs.
Enfin, au sujet de l'électroanesthésie, il faut savoir qu'une
bête peut paraître inconsciente mais ne pas l'être. C'est
l'effet dit de curarisation. Tout cela montre à quel point la Che'hita
doit être exécutée et contrôlée avec art et
rigueur. Et on peut affirmer non seulement qu'elle n'entraîne pas de souffrance
supérieure à celle de l'abattage dit classique mais aussi qu'elle
va plutôt dans le sens d'un plus grand respect de l'animal.
(…)